Le système d’approvisionnement en eau potable de notre ville

AUTEUR : Yves BARRIOL   ♦  PUBLICATION : Octobre 2022  ♦ SOURCES PRINCIPALES :  les sites du SEDIF et de Veolia Eau d’Île de France

La ville de Châtenay-Malabry consomme en moyenne environ 1,6 millions de m3 d’eau potable par an, soit 46,7 m3 par personne, soit 128 litres par personne et par jour. En ces temps où la ressource en eau se raréfie à cause de l’évolution du climat, il nous a semblé important de comprendre d’où vient cette eau, comment elle est traitée, distribuée, puis collectée, traitée à nouveau et relâchée dans l’environnement, les impacts environnementaux de ces processus, et ce que nous pouvons faire pour les minimiser. Cet article porte sur le processus d’approvisionnement, en complément de l’autre article que nous avons publié sur le système de gestion des eaux pluviales et des eaux usées.

D’où vient notre eau potable ?

L’eau potable de Châtenay-Malabry et des communes voisines provient de la Seine, via l’usine de traitement de Choisy-le-Roi.

Extrait d’une carte du réseau du SEDIF, publiée sur le site de Veolia Eau IdF
L’usine de production d’eau potable de Choisy-le-Roy

Qui est en charge ?

Notre approvisionnement est la responsabilité du Service Des Eaux d’Île de France. Le SEDIF est un établissement public, dirigé par les élus des collectivités qui y adhèrent. Il gère l’approvisionnement en eau potable de 7 départements d’Île de France, Paris non compris. Il est propriétaire des ouvrages de production et de distribution de l’eau.

Le SEDIF sous-traite la gestion de ces équipements à Veolia Eau d’Île de France, filiale de Veolia, dans le cadre d’une délégation de service public. Le SEDIF et Veolia Eau IdF ont créé une marque relationnelle, Clario, qui apparaît sur les factures et autres documents commerciaux.

Le SEDIF et Veolia ne gèrent pas le système de collecte et traitement de nos eaux usées, décrit dans un autre de nos articles.

Comment l’eau de la Seine est-elle purifiée ?

L’eau est prélevée près de l’usine de Choisy-le-Roy. Un périmètre de protection est en place sur une dizaine de km en amont de l’usine afin de prévenir toute pollution accidentelle. L’eau est soumise à un traitement aux étapes multiples, avancé comme étant à la pointe de la technologie :

  1. Tamisage initial, pour intercepter les déchets,
  2. pré-traitement à l’ozone, pour améliorer l’efficacité des étapes suivantes,
  3. introduction d’un coagulant (sel de fer ou d’aluminium [à vérifier]), floculation et décantation, pour éliminer les particules en suspension,
  4. filtration sur sable, pour achever la clarification de l’eau,
  5. ozonation, pour détruire les germes,
  6. filtration sur charbon actif en grains, pour piéger les micropolluants (i.e. pesticides),
  7. traitement aux ultraviolets, pour inactiver les micro-organismes,
  8. chloration, pour terminer la désinfection.

Les résidus de décantation sont déshydratés puis mélangés à de la chaux et valorisés comme engrais.

Les eaux usées issues des processus de purges, vidanges et lavages des équipements sont traitées avant d’être rendues à la Seine.

Schéma illustrant les méthodes de désinfection (source : brochure de l'usine de Choisy-le-Roi)

Comment la qualité de notre eau potable est-elle contrôlée ?

420 000 analyses par prélèvement sont réalisées chaque année dans l’ensemble du réseau du SEDIF afin de vérifier la qualité l’eau, par la mesure de 65 paramètres, dont 54 sont réglementés. De plus le réseau est surveillé par 200 sondes qui mesurent en permanence le taux de chlore, le niveau de pression, la conductivité et la température de l’eau, afin d’identifier rapidement d’éventuelles anomalies.  

Quelle est la structure du réseau de distribution ?

À ce stade nous n’avons pas trouvé d’information sur le réseau de distribution entre Choisy et Châtenay-Malabry : conduits principaux, pompes, réservoirs de stockage etc. [Étude en cours]

Comment l’entretien et l’utilisation du système de traitement et distribution est-il financé ?

Environ 30% du prix de l’eau potable (4,35€ par m3 en moyenne, selon la brochure Le SEDIF, votre service public de l’eau, Mai 2022, disponible sur leur site) finance le fonctionnement et l’entretien du système de production et distribution. 48% du prix est affecté au système de gestion des eaux usées, et 22% à des taxes et redevances à divers organismes publics impliqués dans le service de l’eau, par exemple l’Agence de l’eau Seine-Normandie.

Quelle quantité d’eau potable consommons-nous ?

Selon le site du SEDIF, la consommation en eau potable de Châtenay-Malabry en 2021 a été d’environ 46,7 m3 par habitant. Ce chiffre est légèrement inférieur à la consommation moyenne dans le territoire couvert par le SEDIF, de l’ordre de 52 m3 par habitant (246 M – millions – de m3 produits /4,7 M d’habitants). [Une explication potentielle, à confirmer, est que certaines communes desservies comportent des activités agricoles, souvent fortes consommatrices en eau].

Quelles sont les limites du système, les difficultés, les risques, les actions souhaitables de la part des consommateurs ?

À la lecture des informations sur les sites du SEDIF, de Veolia Eau IdF, et du SIAAP pour la phase de collecte et traitement des eaux usées, on pourrait croire que le système fonctionne très bien, que tout est bien dans le meilleur des mondes. L’eau prélevée dans la Seine en amont de Paris est purifiée, distribuée, utilisée, collectée via nos éviers, baignoires et toilettes, purifiée à nouveau, et rendue à la Seine en aval de Paris. La capacité de production du SEDIF est annoncée comme étant plus de deux fois supérieure à la demande moyenne. Comme calculé ci-dessous, la proportion de l’eau de la Seine puisée par l’usine de Choisy est seulement d’environ 2% en moyenne.

  • Production moyenne de l’usine de Choisy, selon leur brochure : 320 000 m3 par jour
  • Efficacité de la production d’eau potable annoncée par le SEDIF pour l’ensemble de sa production : 90%
  • Débit moyen annuel de la Seine au niveau de Choisy-le-Roy : 218 m3/s, soit environ 18,8 M m3 par jour (mesuré de 1966 à 2007, selon Wikipedia)
  • D’où une proportion de l’eau puisée d’environ 320 / 0,9 / 18 800 ~ 1,9%.

Il y a cependant ici et là sur les sites du SEDIF et de Veolia quelques pages nous incitant à économiser l’eau – ce qui semble logique, en particulier à une période où le réchauffement climatique nous apporte des sécheresses de plus en plus fréquentes et aigües – mais sans lien avec les processus décrits ci-dessus. Nous espérons avoir prochainement l’occasion d’interviewer des experts sur ce sujet.

En attendant, une première analyse :

La construction, l’utilisation et l’entretien des systèmes complexes de traitement et distribution de l’eau potable d’une part, et de collecte et traitement des eaux usées d’autre part, sont forcément consommateurs d’énergie – et donc indirectement générateurs de gaz à effet de serre. [À creuser : Veolia ou le SEDIF ont-il fait une ACV (analyse du cycle de vie) de leur processus et quantifié ses impacts, en particulier en terme de génération de GES ?]

Il est probable aussi que toute l’eau prise à la Seine ne lui soit pas rendue. Une partie de l’eau s’évapore probablement pendant les phases de traitement et d’utilisation, une autre partie est absorbée par nos jardins, pots de fleurs etc., puis finit par s’évaporer aussi…

Il est probable aussi que l’eau rendue à la Seine ne soit pas parfaitement propre, pas complètement débarrassée des détergents, huiles, solvants et autres produits chimiques que nous y déversons.

Il semble donc logique que nous essayions de minimiser la quantité d’eau que nous consommons, ainsi que la quantité de polluants que nous y rejetons. Nous proposons des actions potentielles d’amélioration dans l’article associé dans la rubrique Aujourd’hui je m’y mets

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